J’ai hésité à virer une image. Pas n’importe laquelle : un visuel IA que j’avais généré avec Stable Diffusion, représentant Trump vautré dans un lounge 60’s, en train d’écouter les Juanitos, un néon derrière lui affichant « Make Juanitos Great Again ». Un délire esthétique, un clin d’œil ironique. Et puis bam, l’actu : Trump en roue libre, en pleine altercation avec Zelensky, lui sommant de négocier avec Poutine en direct à la télé. Un moment de gêne internationale. Ajoute à ça un article de DNA sur l’IA et la propagande politique, et voilà que je me demande : cette image, est-ce que je la garde ou est-ce que je la vire ?
C’est là que je me rends compte du vrai sujet : pas l’IA en soi, mais ce qu’on projette dessus. Ce débat sur l’IA et la manipulation politique n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus gros. Alors, parlons vrai.
1. L’IA est une machine à fabriquer du réel alternatif
Trump qui vend une « Riviera de Gaza », Milei en lion tronçonneuse, Zemmour qui refait la réalité en mode full IA : oui, c’est du grotesque, oui, c’est une stratégie politique. Mais au fond, qu’est-ce que ça change ? La manipulation visuelle, la propagande et les mythes politiques existent depuis toujours. L’IA ne fait que leur donner un nouveau turbo.
Là où c’est puissant, c’est que l’IA ne se contente pas de déformer la réalité : elle en fabrique une nouvelle. Et le cerveau humain, face à une image crédible, est con comme un manche à balai. On avale l’image avant d’activer l’esprit critique. Boom, effet réussi.
2. Le grotesque, l’arme ultime pour inonder le cerveau
L’esthétique IA est souvent chelou : proportions zarbi, détails qui clochent, couleurs trop lisses… Et pourtant, c’est pile ce qui la rend efficace. Pourquoi ? Parce que le grotesque capte l’attention. T’es plus choqué par une danseuse du ventre barbu dans un faux Dubaï que par une conférence de presse soporifique.
Internet a détruit le modèle « message rationnel -> réflexion -> adhésion ». Aujourd’hui, c’est impact visuel -> choc émotionnel -> partage viral. L’IA permet de démultiplier cette dynamique en quelques clics. C’est une machine à mémétiser le n’importe quoi.
3. Facebook, Instagram, TikTok : les vrais outils de contrôle
On tape sur l’IA, mais soyons sérieux deux secondes : les véritables machines à propagande et à formatage, ce sont Facebook, Instagram, TikTok.
- Ces plateformes contrôlent ce que tu vois, ce que tu aimes, ce que tu partages. Elles sculptent ton cerveau bien plus efficacement que n’importe quelle image IA débile.
- Leurs algorithmes favorisent les contenus polarisants non pas pour une idéologie, mais parce que le conflit fait vendre.
- Elles possèdent un pouvoir de censure total : shadowban, déréférencement, suppression de comptes… qui décide ce qui doit exister ou disparaître ?
L’IA générative, c’est encore du bricolage à côté de la puissance des plateformes de contrôle numérique. On s’indigne des images grotesques de Trump ou Zemmour générées par IA, mais on ne se pose jamais la question : qui décide de l’algorithme qui trie l’information dans ton feed ?
4. Une stratégie qui va bien au-delà de l’extrême droite
L’article pointe du doigt les discours d’extrême droite, mais soyons réalistes : tout le monde utilise ces outils. Marques, gouvernements, ONG, influenceurs… l’IA est déjà partout.
- Coca-Cola balance une pub entièrement générée par IA. Manipulation ? Oui, mais avec un jingle fun.
- Des campagnes politiques utilisent l’IA pour créer de fausses témoignages citoyens. Manipulation ? Oui, mais pour « le bien du citoyen » (ce qu’il faut pas dire !)
- Les réseaux sociaux bombardent des visuels IA pour capturer ton attention. Manipulation ? Oui, mais pour que tu restes plus longtemps dessus sinon l’algo te dézingue !
Si on veut dénoncer la manipulation IA, il faut regarder tout le système, pas juste une fraction.
5. Art ou arnaque ? Le débat impossible
L’article sous-entend que l’IA ne produit pas de l’art mais une coquille vide, une « esthétique sans âme ». Mais c’est quoi l’art au juste ?
- L’art, c’est l’intention ou le résultat ?
- Si une IA génère un visuel qui émeut, est-ce moins valable qu’une toile humaine ?
- L’art a toujours utilisé la machine (photographie, synthétiseur, Photoshop). Pourquoi l’IA serait différente ?
La vraie différence, c’est que l’IA court-circuite le processus artisanal. Plus besoin de talent, de formation, d’expérience. Juste une bonne prompt-phrase et un algo qui turbine. L’élitisme artistique vole en éclats, et c’est ça qui dérange.
6. Ce que l’IA ne pourra jamais remplacer : le live et l’authentique
Les algos peuvent pondre des images, des chansons, des scénarios. Mais y a un truc qu’ils ne pourront jamais émuler : le frisson du vrai.
- Un concert en live, l’énergie brute, la vibration humaine. Pas un clip IA chiadé mais sans odeur de sueur.
- Un regard, une interprétation unique. Un comédien qui joue différemment chaque soir, pas un deepfake figé.
- La patine du temps. Un morceau enregistré sur une bande magnétique, une toile qui jaunit, un livre qu’on feuillette.
L’IA fabrique des images, des sons, des textes. Mais elle ne ressent rien. Elle copie la vie, elle ne la vit pas.
Conclusion : outil ou poison ? C’est à nous de choisir
L’IA peut être une machine à bullshit ou un levier créatif génial. Elle peut générer de la propagande grotesque ou inspirer de nouvelles formes d’art. La différence ? L’intention de celui qui l’utilise.
Le problème n’est pas la technologie. Le problème, c’est ce qu’on en fait.
💥 T’as aimé cette réflexion ? Là, c’était les mots.
👉 « Après avoir vu comment l’IA est utilisée pour manipuler les masses, imaginons maintenant ce que donnerait un monde où ces techniques sont devenues la norme, où la propagande numérique est totale et où la démocratie a cédé face aux populismes. 2030 n’est pas si loin…
Maintenant, place au son.
🎸 Écoute « Marco Mollo« – du brut, du vrai, du rock’n’roll sans filtres.
Pas d’algos, pas d’IA, juste de la vibration, de bons riffs, du vrai.
EPILOGUE DYSTOPIQUE
2030 : La France entre dans son ère Trumpienne ?
Paris, 2030.
Le drapeau bleu-blanc-rouge flotte toujours au-dessus de l’Élysée, mais le pays que nous connaissions a disparu. L’extrême droite est au pouvoir depuis trois ans. Une France « nouvelle », transformée, où la presse publique a été privatisée, où les « bonnes » informations sont filtrées et où les voix discordantes ont disparu des ondes. Le journal de 20h ressemble à un mauvais remake de la propagande soviétique.
L’Union européenne ?
Un souvenir. La France a quitté Bruxelles avec fracas, suivant le modèle de Trump qui, lui, a désengagé les États-Unis de l’OTAN. Isolée, la France se replie sur elle-même, croyant retrouver une « souveraineté » qu’elle n’a jamais vraiment perdue.
Dans les rues de Paris, les manifestations sont interdites. Les réseaux sociaux sont sous haute surveillance. Une brigade spéciale traque les « ennemis intérieurs », souvent des journalistes, des intellectuels, des militants écologistes. On les accuse d’être des « agents de l’étranger », des « traîtres à la nation ».
L’économie vacille, le pouvoir d’achat s’effondre, mais les responsables ne sont jamais ceux qui dirigent. C’est la faute aux « migrants », à l’Europe, à la « décadence culturelle ». La méthode est vieille comme le monde : créer un ennemi imaginaire, diviser, et rester au pouvoir par la peur.
Dans cette dystopie bien réelle, le « modèle Trump » a été reproduit à la lettre. Instrumentalisation de la justice, attaques contre les contre-pouvoirs, destruction des données compromettantes, réécriture de l’histoire dans les programmes scolaires.
Comment en est-on arrivé là ?
Flashback, 2025. Tout semblait encore « à peu près normal ». On voyait bien monter la radicalité, les discours simplistes et haineux. Mais après tout, ce n’était que des mots, non ? « Jamais ils ne passeront », disaient certains. « C’est impossible en France, on est trop attachés à nos valeurs », assuraient d’autres. Puis vint la crise, la peur, et l’illusion qu’un leader fort résoudrait tout.
Les digues ont sauté. Comme aux États-Unis, où Trump a détruit en quelques années des décennies d’institutions démocratiques, la France a plongé dans l’autoritarisme sous les applaudissements d’une partie de sa population.
Sommes-nous condamnés à répéter l’histoire ?
Ce futur n’est pas une fatalité. Il est un avertissement. Le populisme se nourrit de la peur et du désespoir, mais il prospère surtout sur l’inaction. Si aujourd’hui, nous refusons d’être des spectateurs passifs, alors ce scénario restera une fiction. Mais si nous laissons faire, alors dans trois ans, ce texte pourrait être un simple reportage sur la réalité.
La démocratie n’est pas un acquis.
Elle est un combat.
Un combat qu’il est encore temps de mener.